Le cinéma et la musique sont depuis longtemps indissociables : celle-ci peut renforcer l’intensité d’une scène, mais aussi en modifier le sens, la signification, susciter chez le spectateur d’autres émotions. Ces deux arts sont aussi les deux grandes passions de Kyle Eastwood, mais également celles de son père, qui a lui-même écrit la musique de certains de ses films et réalisé Bird, un superbe biopic sur Charlie Parker, ainsi que le documentaire Piano Blues, sans compter Honkytonk Man qui évoque la vie d’un guitariste de country.

Ce soir, Kyle rend un vibrant hommage à Clint Eastwood avec Eastwood Symphonic, qui revisite en musique la longue carrière de l’acteur et réalisateur. Il est accompagné pour cela de l’excellent Orchestre régional de Normandie, qui a plus que tenu sa place malgré un effectif – 32 musiciens – inférieur à celui d’un orchestre symphonique, comptant habituellement entre 50 et 100 exécutants. Le bassiste/contrebassiste peut également se reposer sur l’assise solide et la complicité d’un quintet avec lequel il tourne depuis plusieurs années déjà, tout particulièrement le pianiste Andrew McCormack qui joue à ses côtés depuis environ deux décennies.

Le concert débute avec une superbe ouverture de l’orchestre, ample et poignante, mêlant les thèmes de plusieurs bandes originales qu’on se plaît à reconnaître au fil des citations. Kyle Eastwood arrive ensuite sur scène, accueilli par un touchant Happy Birthday to You chanté en chœur par le public… Le bassiste venait en effet de fêter la veille son 55ème anniversaire ! Il entame alors la musique de Magnum Force, une composition du grand Lalo Schifrin (Mission Impossible, Mannix…) mettant en valeur une basse au groove funky et musclé, un titre enchaîné avec Dirty Harry, dans le même esprit, que Kyle avait déjà eu l’occasion de jouer avec le maître argentin en 2007.

Sur un grand écran sont projetées des images tirées des films dont les musiques sont jouées sur scène, et chaque titre est introduit par une vidéo présentant le père et le fils, installés dans des fauteuils, discutant des différents compositeurs et des conditions dans lesquelles les bandes originales ont été créées. Il est très touchant de voir ainsi les deux hommes évoquer ensemble cette vaste filmographie qu’ils ont partagée à plusieurs occasions. Ils rappellent par exemple pour le titre suivant que l’histoire du film La sanction se déroule des deux côtés de l’Atlantique, ce que John Williams a évoqué en associant le jazz pour la partie américains et le classique pour l’Europe. D’autres compositeurs sont également convoqués dans cette rétrospective en musique. Parmi eux, Lennie Niehaus, que le réalisateur avait rencontré au début des années 50 lorsqu’ils servaient ensemble dans l’armée américaine, et qui a écrit par la suite plus d’une une douzaine de partitions pour Eastwood, dont le romantique et nostalgique Sur la route de Madison. L’émotion ressentie à l’écoute de la musique se mêle ici intimement à celle liée aux souvenirs de ces films qui nous ont tant marqués.

Plusieurs morceaux joués pour ce concert ont été le résultat d’une collaboration familiale, notamment Mémoires de nos pères et L’échange, tirés de films dont le thème a été écrit par Clint et arrangé par Kyle. Il était par ailleurs impossible de rendre hommage à Clint Eastwood dans un festival de jazz sans évoquer Bird, dont un titre de Charlie Parker a été joué ce soir, donnant l’occasion au contrebassiste de nous offrir un très beau solo, évoquant avec humour au détour d’une mesure quelques notes de Salt Peanuts. Grand moment d’émotion ensuite, avec une poignante version de Gran Torino, chanson à la belle mélodie simple et bouleversante, magnifiée ici par la présence de l’orchestre.

Les compositions sont particulièrement bien servies par les arrangements de Gast Waltzing, qui dirige l’orchestre ce soir, certains au plus près des originaux, d’autres significativement adaptés, comme pour Le bon, la brute et le truand, un des deux classiques d’Ennio Morricone choisis pour clore cet hommage, repris pour l’occasion dans une version moderne et jazzifiée.
C’est un réel bonheur de retrouver et d’évoquer en musique ces grands films qui ont jalonné nos vies, faisant partie pour certains de notre mémoire collective.

Texte et photos : Stéphane Barthod

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