Présent pour la première fois cette année au festival, Steve Coleman termine sa tournée européenne avec ce concert sous les pommiers. Co-fondateur dans les années 80 du mouvement M-Base, le saxophoniste tourne avec cette formation à géométrie variable depuis la même époque.
Le trompettiste Jonathan Finlayson est ainsi un compagnon de route régulier de Coleman, puisqu’il l’a rejoint lorsqu’il n’avait que 18 ans, en 2000. Sean Rickman, batteur dans cette formation, mais par ailleurs guitariste et bassiste, joue également avec le saxophoniste depuis le milieu des années 90. Quant au bassiste Rich Brown, il a rejoint plus récemment la formation.
Coleman lance au saxophone un cycle de quelques notes, cycle qui se répète et sur lequel la trompette vient se greffer, rejointe ensuite par la basse… La même figure, puis des décalages, la batterie installe un rythme tournant, une autre phrase se dessine, lance une ligne de basse en tempo rapide sur laquelle les solos se succèdent…
Chez Steve Coleman, le mouvement est un élément essentiel de la musique. L’utilisation de cycles rythmiques complexes est une autre caractéristique de son travail d’écriture et de création. Il utilise constamment des métriques irrégulières, et différentes d’un musicien à l’autre, donnant naissance à une musique qui vous prend et ne vous lâche pas, obsessionnelle, au groove hypnotique, construite sur des modules qui peuvent être joués dans n’importe quel ordre. Cette complexité n’empêche pour autant pas le lyrisme, voire l’expression de la mélancolie, et l’on a plaisir à se laisser porter par ce flot incessant et bouillonnant.
Texte et photos : Stéphane Barthod